Nous voilà partis vers « Bankuru
» et « Nielbaba », deux villages peuls Gando situés au sud de
Kalalé-centre.
Après avoir quitté la piste principale au
sud de Kalalé, les zems (motos-taxis) empruntent une petite piste de couleur
ocre qui serpente à travers champs, parsemée de quelques maisons çà et là.
Confectionnées en banco (latérite), coiffées de toits en paille ou en tôle, des
maisons annoncent les villages traditionnels Gando.
Nous partons en quête des enfants de ces
villages, en vacances à ce moment de l’année. Lors de l’année scolaire, ils
restent à demeure chez les pères SMA de la Mission Catholique de Kalalé pour
pouvoir aller à l’école. Les mercredis et samedis après-midi, hors temps
scolaire, ils avaient l’habitude de se retrouver lors des ateliers lecture
proposés par l’ALM.
Au bout de
quelques kilomètres, les premières habitations du village de Bankuru se dévoilent, et oh, surprise ! Une
petite fille, Sebo, reconnait Camilla et accourt à notre rencontre !
Quelques enfants, Sebo, Faouzia, Hawah , Foussaïda, Assia -surtout des filles,
car les garçons étaient au champ avec leurs parents - prennent place, vaille
que vaille, sur les deux zems (moto-taxi), en direction de l’autre village,
plus éloigné : la piste escarpée fait place à un chemin, bosselé,
chaotique. Les motos rechignent à l’ouvrage mais notre motivation nous pousse à
franchir l’obstacle pour rejoindre le deuxième camp peul de Nielbaba.
Nous voilà enfin ! C’est un peu
l’étonnement et l’évènement du jour pour les quelques habitants présents,
notamment les femmes affairées à la cuisine ou au battage des noix de karité,
mais aussi les vieux, dont le chef du village. Il faut dire qu’en dehors des
Pères SMA de la de Kalalé, les Blancs ne s’aventurent pas dans ces villages
reculés...
Une fois que les femmes ont réussi à
réunir les enfants dispersés dans le village, tout ce petit groupe s’assoit en
demi-cercle à l’ombre d’un arbre. Les plus jeunes, ceux qui ne sont pas scolarisés nous
rejoignent. Les enfants piaffent d’impatience, espiègles, rieurs, ils laissent
place au silence lorsque Camilla prend la parole. Après
la découverte des gorilles, dont les mimiques les fascinent, c’est l’histoire
de M’Toto de Anne Wilsdorf qui recueille le plus de suffrages.
Les enfants écoutent, bouches
bées, les mésaventures de ce crocodile si attachant et, mine de rien,
participent, répondent aux questions de Camilla, s’écoutent parler. Peu à
peu, quelques curieux se rapprochent du cercle : des jeunes femmes avec leurs
bébés, des cultivateurs...Certains s’accroupissent, puis s’assied.
C’est l’heure du Petit Chaperon
rouge !! L’excitation des enfants est à son comble, la petite Hawa revêt la fameuse cape rouge devant ses
camarades pressés de réentendre ce conte qu’ils connaissent manifestement par
cœur ! La jeune fille prend le rôle du Petit Chaperon rouge très au
sérieux tandis que le loup lui répond. Les enfants sont toujours aussi curieux
et émerveillés devant les images qui défilent et répètent, avec Camilla, les
aventures du Chaperon rouge, jusqu’à l’arrivée des chasseurs et du pauvre loup
lesté de pierres.
Pendant que nous discutons avec les femmes
du village, les enfants restent plongés dans les livres et en font même
profiter les tout-petits. Les livres sont posés à même le sol, sur une natte,
mais on sent vraiment qu’ils les respectent et en prennent soin !
Il est temps pour l’ALM de reprendre la
route, de saluer les vieux, le chef du village, les femmes, et de repartir vers
Kalalé-Centre.